Confessions d’un ascenseur

Au premier regard.

Les ascenseurs et moi, c’est une longue histoire. Ça se passe toujours au premier coup d’oeil, dès que j’entre. Il m’est arrivé de planter des agents immobiliers sur un simple « Ah non, ça ne va pas le faire ! ». Ils me répondaient, mi-vexés, mi-ah-celle-là-on-ne-me-l’avais-jamais-faite : « Mais vous n’avez même pas visité l’appartement ! » Et moi : « C’est inutile, j’ai visité l’ascenseur, ça me suffit. » Même quand je suis en « civile », il m’arrive d’entrer dans un ascenseur, de le détailler d’un oeil gourmand et de murmurer : « Oh… Toi, tu me plais. » Bien sûr, je rêve comme tout le monde des ascenseurs à l’ancienne, en fer forgé avec la grille qui claque et le chuintement tranquille des rouleaux, comme dans les films. Mais la vraie vie, c’est autre chose. Oserai-je vous dire ? Pour moi, les ascenseurs, c’est une histoire à trois. Il y a l’ascenseur, qui doit être grand, large, il doit me tendre les bras dès le hall de l’hôtel où je descends, bien fatiguée vers une heure du matin, après un concert. Il y a moi, ma foi, comme je suis, c’est à dire pas outrageusement sportive. Et il y a, elle, la cause de tout : ma harpe. Son mètre quatre-vingt-huit. Ses quarante-cinq kilos. Sa tendance à déclencher sur son passage des « Mais comment transportez-vous ça ? ». Et bien, je vous dirai : je la transporte avec l’espoir qu’il y ait un ascenseur partout où nous allons !

Claire Galo-Place, harpiste concertiste

 

Extrait du recueil « Cent Confessions d’un ascenseur ». 

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