Confessions d’un ascenseur

Une histoire d’ascenseur par Alfred Hitchcock

Dans un entretien au New York Times en 1999, Peter Bogdanovitch, critique et réalisateur, spécialiste d’Hitchcock, évoque une rencontre avec le maître du suspense, suivie d’une mémorable histoire d’ascenseur. New York, 1964 au St. Regis Hotel. Les deux hommes ont consommé quelques daiquiris bien frappés. Ils prennent l’ascenseur au 25e étage et descendent en silence jusqu’au 19e. Trois personnes en tenue de soirée entrent alors dans la cabine. Hitchcock se tourne soudain vers son interlocuteur et commence un récit d’une atrocité totale : « On voyait un filet de sang qui s’écoulait de son oreille et un autre de sa bouche. » Les trois nouveaux occupants l’ont reconnu et ils évitent de le regarder. Deux autres personnes entrent au moment où il poursuit son récit : « Et, bien sûr, il y avait une énorme flaque de sang sur le sol, et ses vêtements étaient maculés de sang. C’était une scène horrible, comme vous pouvez l’imaginer… » Les passagers ont le souffle coupé. Le suspense est palpable. Au moment où l’ascenseur arrive au rez-de-chaussée et que les portes s’ouvrent, Hitch demande : « Savez-vous ce qu’il m’a dit… ? » en marquant une pause. Autant dire que tous les occupants quittent à regret la cabine avec une anxiété manifeste. Après un temps de confusion, Bogdanovitch ose demander : « Et que vous a-t-il dit ? » Béat, Hitchcock répond alors : « Oh rien, c’était juste mon histoire d’ascenseur. »

 

Source photo portrait d’Alfred Hitchcock : Wikipédia
Extrait du recueil « Cent Confessions d’un ascenseur », non destiné à la vente.
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